Je vous avais prévenu dans un message précédent : je suis allé en Bretagne, à l’invitation de l’association Eau et Rivières, pour deux conférences autour de notre livre. Et je n’ai pas été déçu du voyage, je m’empresse de vous le dire.
Premier arrêt prévu à Rennes le 6 avril. Mais aussi première embûche, dès avant de partir. Guénaelle Lanez, la très jeune femme qui organisait toute l’affaire, m’appelle au téléphone, un brin embêtée. Nous avions simplement oublié des livres pour les insensés voulant éventuellement en acheter après m’avoir écouté.
Que faire ? J’ai eu, je crois, le bon réflexe : j’ai appelé Fayard, et Jacques Mazel, le directeur commercial, a aussitôt débauché un stagiaire pour me porter, en gare Montparnasse, un carton de livres. Un bel effort, dont je le remercie aussitôt, mais soit dit en passant, ce n’était pas pratique du tout. À l’arrivée vers 19H20, Guénaelle m’attendait, par chance, en compagnie de l’homme au chapeau, autrement dit Jean-François Piquot, responsable local d’Eau et Rivières.
Un mot sur lui, qui en mériterait davantage. Ce bibliophile enragé possède environ 40 000 livres attrapés au cours d’une vie parisienne, prolongée d’une autre en Bretagne, où il est devenu militant de l’écologie. Et quel ! Il a suivi en catimini, et pendant deux ans, les travaux du Conseil départemental d’hygiène, et en a tiré un best seller régional, contre toute évidence. Le livre dépiaute avec ardeur et vivacité les relations décourageantes entre l’administration et les pros pollueurs de la campagne bretonne. Étonnant, n’est-il pas ?
J’ai juste eu le temps de manger un (bon) tartare en compagnie de Jean-François et de son épouse. Un bon moment, un vrai bon moment, je vous l’assure. Au passage, Jean-François m’a expliqué dans quelles conditions il avait pris l’habitude de circuler en permanence avec un élégant chapeau noir, qui n’est pas exactement rond, comme celui des Bretons. En tout cas, il est connu ici comme le loup blanc. Ou plutôt comme l’homme au chapeau.
Et la conférence ? Idéale. Comme les vacances de Pâques avaient déjà commencé, il y avait comme un doute sur l’assistance. Mais dès mon arrivée à la salle du champ de Mars, j’étais comblé. Qui arrivait droit sur moi, sourire aux lèvres, visiblement content d’être là ? Jean-Claude Lefeuvre, le héros tranquille qui ouvre notre livre, celui qui avant tout le monde a parlé de nitrates et de pesticides en France. Si vous saviez le plaisir !
Au même moment, alors que la soirée n’était seulement pas entamée, Guénaelle me prévenait qu’il ne restait plus qu’un livre à vendre. Un ! Trois minutes plus tard, en pénétrant dans l’arène, j’avais la stupéfaction de découvrir une salle pleine d’environ 200 personnes. Franchement, un honneur. J’ai longuement expliqué comment le lobby des pesticides s’était constitué en France, comment il s’était maintenu jusqu’à nos jours, et j’ai donné la parole au public.
À nouveau, j’ai été épaté. Ils étaient (presque) tous là ! Richard Giovanni, un retraité de l’Inra dont nous évoquons le courage dans notre livre. Jean Le Ruduler, grand jardinier de Rennes, lui aussi ! Et Jean-Yves Morel. Et des chercheurs, et des paysans, et quantité d’autres qui tous ajoutaient une pierre solide à l’édifice. Voulez-vous la vérité : j’étais ému. Et si l’un ou l’autre me lit ici, qu’il sache que je remercie tous les présents du fond du cœur. Une mention pour Jean-François Piquot, qui se présente volontiers comme soupe au lait, dur à cuire, car il a été avec moi charmant d’un bout à l’autre. Et une autre pour Guenaelle, qui a été parfaite d’un bout à l’autre. Bref, à part ces satanés livres, qui ont réellement manqué…
Le lendemain, à Saint Brieuc, les braves étaient 60, ce qui est beaucoup. Plus encore qu’à Rennes, je redoutais le flop. La ville, en vacances elle aussi, n’est pas si grande, et le journal local, essentiel dans ce domaine, avait oublié de passer l’annonce du débat. Ce fut pourtant une très belle soirée, éclairée par un public d’une étonnante qualité, posant des questions demandant d’authentiques réponses. Seul regret, excusez-moi : nous ne disposions d’aucun livre, et je vous garantis qu’il était recherché par de nombreux auditeurs !
Ces deux jours là-bas ont pourtant comblé le co-auteur que je suis. Et pour le même prix, j’ai vu la mer, qui joue un rôle immense dans ma vie, dans le fin fond de mon imaginaire. Je me méfie, comme vous je l’espère, de la génétique. Mais certains jours, en face de cette immensité, j’éprouve de tels sentiments que je me demande si un lointain ancêtre n’a pas laissé quelque chose en dépôt. En moi, profondément, définitivement. François comme moi continuons à compter fortement sur vous, n’est-ce pas ? N’allez pas nous décevoir alors que le soleil frappe à chaque porte ! À bientôt.
Fabrice Nicolino
mardi 10 avril 2007
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1 commentaire:
bonjour,
C'est un livre necessaire vue l'ingnorance des particuliers à utiliser roundup et autre produit se retrouvant dans les rivières sans compter les communes qui ignorent la binette.
Merci
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