samedi 17 mars 2007

Les allumés du petit matin

Qui peut être assez fou ? Nous. Nous, François et moi, au lieu de profiter d’un samedi au lit, nous nous sommes levés à l’aube (enfin, presque). Lui dans une lointaine banlieue, moi dans Paris, mais quand même. Direction Orléans, par le train de 9h21, lequel part de la gare d’Austerlitz. Je ne conseille pas le lieu aux déprimés, mais que cela reste entre nous.
9h21, donc, mais François, la veille, voulait qu’on prenne le train de 8h06. Et là, mettez-vous à ma place, j’ai dit non. Voilà l’explication : le journaliste de France 3 Centre, Pierre Bouchenot, nous avait invités pour un direct de près d’une heure dans son émission télévisée du samedi, « La Voix est libre ». Une aubaine, je dois bien le reconnaître. Mais Bouchenot, qui craignait un retard du train, insistait auprès de François pour qu’on prenne une confortable avance de…2h30.
J’ai donc refusé, et pardonnez ma vanité de paon, mais j’ai eu raison. Nous sommes arrivés comme des fleurs aux Aubrais, à 10h25, et à 10h42, nous étions devant le bunker de France 3, au milieu de nulle part, grâce si j’ose écrire à un taxi véloce. Je dois ajouter que ceux qui ont conçu le bâtiment, il y a probablement trente ans, ne se préoccupaient pas beaucoup de bilan carbone et de crise énergétique.
Mais je divague. Après une nécessaire séance maquillage – merci au passage à la maquilleuse, qui a promis d’acheter le livre -, le direct. Bouchenot est un excellent professionnel, et voici pourquoi : il savait de quoi il parlait. Vous ne pouvez pas savoir à quel point il est agréable d’être interrogé par quelqu’un qui vous respecte. On en oubliait les lumières, les caméras, le studio. J’ai dans l’idée que les dents ont dû grincer dans toute la région, car nous n’avons pas retenu nos missiles. Congrès truqués, Marcel Valtat, experts en cheville avec l’industrie, farce de l’agriculture raisonnée, et j’en passe !
Pour être sincère, nous avons explosé de rire dès que nous fûmes dehors, et encore dans le train du retour. Nous imaginions leur tête, à tous ces braves lobbyistes coalisés. Ah, j’oubliais : Bouchenot m’a donné une sorte de vilain journal du lobby que lui avaient envoyé des militants des pesticides. Il contient de violentes attaques contre nous, visés dans notre personne même.
Les choses continuent donc et voici l’une des dernières nouvelles : l’une de mes amies m’a envoyé un message ahurissant. Elle rentrait chez elle, en province, par le train, et elle s’est rendu compte que ses voisins lisaient des textes sur lesquels figurait mon nom. En s’approchant un peu, elle a lu et compris qu’il s’agissait de pesticides, et que ces textes, comme on dit au prétoire, contenaient des imputations diffamatoires. Rassurez-vous pour moi, je ne crois pas que la France entière s’est d’un coup liguée contre François et moi. Non, c’est le hasard. Mais quel hasard, non ?Il y a dix minutes, j’ai appris que Nathalie Fontrel, journaliste, avait passé un sujet sur la semaine sans pesticides, sur France Info. Et elle a présenté au passage notre livre. On progresse, non ? Rendez-vous lundi, si j’en ai le courage. Ou demain dimanche si j’ai quelque chose à vous dire.

jeudi 15 mars 2007

Tous les journalistes, sauf un

Ce matin, tandis que François parlait pendant une heure sur Direct 8, une chaîne télé dont je ne sais rigoureusement rien, j’avais rendez-vous avec un journaliste. Je dois vous avouer que j’en étais fort étonné. Pas tellement de voir un journaliste – je connais assez bien l’engeance, j’en suis -, mais plutôt parce qu’il venait de faire un long voyage en train.
Pour me voir, mais oui. Ces choses-là ne se voient pratiquement jamais, vous pouvez me croire sur parole. Un grand nombre de journalistes parisiens se contentent d’empiler les livres envoyés par les services de presse, fabriquent avec de redoutables murailles qui, semble-t-il, les protègent des bruits extérieurs. Le pire, je crois, c’est que c’est vrai. Beaucoup, soit dit en passant, ne lisent pas les livres dont ils parlent.
Bref. Mon journaliste à moi était l’envoyé spécial d’un très grand quotidien de province, et il avait lu notre livre jusqu’à la dernière ligne. Étonnant, non ? Nous avons bu un café ensemble au Press Club, rue Jean Goujon, dans le VIIIe arrondissement. Le lieu est chic, ce que je n’aime guère, mais il offre une tranquillité parfaite. Et j’ai passé près de deux heures de rêve, à discuter, à débattre sur le fond des questions posées par le livre.
Mon interlocuteur, à un moment donné, m’a demandé si je ne regrettais pas que le livre ne soit pas utilisé dans le débat actuel des présidentielles. Et après avoir sincèrement réfléchi, je lui ai dit que oui. Oui, je le regrette. Car même si le livre continue à fort bien se vendre, le manque d’intérêt des candidats en piste me sidère, et m’attriste. Car quoi ? Ou nous avons écrit des sottises plus grosses que nous-mêmes, ou un pays connu sous le nom de France est la victime d’un empoisonnement systématique de tous les milieux de la vie, jusques et y compris le corps humain.
Un pays vif, éveillé, démocratique ne pourrait passer à côté d’un tel débat national, décisif par les questions qu’il soulève. Or, pour le moment du moins, rien. J’ai personnellement signalé à José Bové et à Dominique Voynet les enjeux de ce livre, qui sont indiscutables. Et Corinne Lepage nous a exprimé des compliments chaleureux sur son contenu. Alors quoi ? Vous avez une explication ?
En tout cas, j’ai passé un excellent début de matinée. Et mon journaliste de province s’apprête à faire, je n’en doute pas, un bon article. Je vous le signalerai dès qu’il sera publié. Et maintenant, relâche. J’envisage de boire un demi en terrasse, en compagnie d’un journal, si vous n’y voyez pas d’inconvénient. À demain.
Fabrice Nicolino

mercredi 14 mars 2007

Des soutiens, comme s’il en pleuvait

Vous savez quoi ?
Nous sommes passablement heureux, François et moi. Car le livre n’est pas seulement acheté : il est lu, et commence à être commenté. Et nous recevons de nombreux messages qui nous font à chaque fois le même plaisir. Philippe Carbiener, par exemple, nous écrit : “ Je viens d'achever "Pesticides, révélations sur un scandale français" et peux témoigner que le titre n'est pas usurpé ”. Et il ajoute qu’il tanne les libraires de son quartier pour qu’ils exposent dignement notre bouquin. Je connais son père, Roland, un grand scientifique, un grand naturaliste. Et de même son frère Didier, qui a écrit avec vaillance sur les forêts des bords du Rhin. Mais je ne connais pas Philippe, que je salue ici avec chaleur.

mardi 13 mars 2007

Le livre était presque parfait

Je suis en train de lire un livre. Pas le nôtre, pas celui sur lequel nous avons sué, François et moi. Non, un autre. Quelle aventure, quel souffle ! Oh, je vous préviens, on ne rit pas à gorge déployée. L’histoire est ténébreuse, pleine de fils tordus, de rebondissements, de coups du sort, de violence et de ruse. Par exemple, un type découvre dans sa jeunesse ce que fait vraiment son père, et commence un terrible combat contre son univers dès qu’il est adolescent. Et pendant dix ans, il se bagarre, après avoir rompu avec celui qu’il faut bien appeler un salopard. Lequel finira mal. Comme son fils d’ailleurs.
Pas drôle ? Pas du tout. Ça s’appelle Cosa Nostra, de John Dickie, chez Buchet Chastel. Le livre raconte l’histoire de la mafia sicilienne de 1860 à nos jours. Eh, j’ai rien dit ! Ou plutôt, si : toute ressemblance avec un autre livre serait le fait d’un hasard tellement extravagant qu’il serait facétieux.
Pour le reste, la journée a été calme, si on laisse de côté les 100 coups de fil que j’ai passés à François et les 100 autres qu’il m’a envoyés.
Notre livre tient une forme olympique, selon Fayard. Et la revue L’Écologiste en a vendu en ligne plus qu’aucun autre. Pour clore le chapitre des réjouissances, sachez que l’ami Dominique Guillet, de Kokopelli, a envoyé un mel – signé, lui – aux falsificateurs du site anonyme créé par le lobby pour nous discréditer. Je vous parlais hier déjà : pas question de donner l’adresse de ces gredins.
Dernier point : cela se confirme, la presse de province bouge. Je vais faire un tour, si vous le permettez. À demain.
Fabrice Nicolino

lundi 12 mars 2007

Quand les caves se rebiffent....

Lundi 12 mars
Cela s’appelle de l’abandon de poste. Hier dimanche, je n’ai rien fait du tout. Sur le blog du moins. Car en réalité, vers 11 heures, j’ai attrapé un métro, la ligne 9 encore. Destination : Ranelagh, et (encore) la maison de la Radio. Le journal de la mi-journée de France Culture m’invitait à parler de notre livre, et je ne pouvais bien entendu pas refuser. Un conseil au passage : oubliez Ranelagh le dimanche matin. L’air y manque, je ne sais pas pourquoi.En tout cas, sur France Culture, cela a chauffé. Vous n’avez probablement pas écouté, mais ce n’est pas de ma faute. J’ai en effet gueulé un bon coup contre le lobby des pesticides, et pas seulement pour ses activités passées, longuement décrites dans le livre.

Non, il y a du nouveau. Je vous parlais samedi d’un site Internet anonyme, créé par le lobby des pesticides pour nous déconsidérer. D’un côté, je vous donnerai bien l’adresse. Mais de l’autre, pas question – ça non ! – de leur faire la moindre pub. Il me semble que le site utilise des techniques éprouvées, de pure désinformation. On nous y présente comme des malfrats de la pensée, François et moi. À coups de citations coupées, arrangées, truquées en somme. Je trouve cela grotesque, mais je crains tout de même qu’à la longue, cela circule dans l’espace sans rivages du Net, et parvienne à convaincre les plus crédules qu’il “ n’y a pas de fumée sans feu ”. Les mêmes ont récupéré nous ne savons comment des courriels de nature privée, qu’ils répandent par voie électronique. Et pendant deux jours, avant une ferme intervention de François auprès de Google, nos deux noms étaient systématiquement accolés à un lien commercial ramenant à leur site nauséabond. Beuark !Une chose est certaine, notre livre dérange fortement les intérêts industriels. Et c’est une très bonne nouvelle. François, qui suit de près la marche des événements, m’a tenu informé de l’état des ventes sur le site Amazon, qui est très important. Or nous sommes dans les dix meilleures ventes, parfois même troisième, depuis plusieurs jours. Sur des dizaines de milliers d’ouvrages différents. Ce n’est qu’un indicateur, mais avouez qu’il est bon !Je me rends compte, alors qu’il est 16h40 ce lundi, que je ne vous parle pas de ce lundi, justement.
C’est normal : je n’ai pas eu une minute à consacrer au livre jusqu’à cet après-midi. Apparemment, la presse de province, décisive pour le succès, commence à bouger. Je vous tiens au courant de la suite, promis, juré.
Fabrice Nicolino