samedi 10 mars 2007

Quand le lobby mord, le soleil brille

Samedi 10 Mars

Vous savez quoi ? À l’heure où je vous écris ce samedi, vers 17H15, il fait soleil sur Paris, et je ne pense plus qu’au bonheur de la vie sur terre. Même à Paris. Même loin des terres plus belles, plus sauvages, où je suis davantage chez moi. Du soleil. Sur les murs, dans les yeux, sur la peau des humains. Ah ! oublions un instant tout, et le reste. J’espère qu’il vous arrive d’être ainsi heureux, sans autre raison que respirer à la fenêtre.
Quelles sont les nouvelles du front ? Je commence par les bonnes ? Oui, les bonnes.


Ce matin, nous sommes passés dans l’émission de Ruth Stégassy, sur France Culture, Terre à Terre. Dans un faux direct, puisque la séquence a été enregistrée dans un bar parisien en soirée. Inutile de se retenir : Ruth est une excellente journaliste, qui entend, comprend et relaie. Je vous avais dit, je crois, l’insistance du chef du lobby des pesticides, Jean-Charles Bocquet, à se faire inviter au dernier moment dans l’émission. Sur l’instant, j’étais furieux. Mais à la réflexion, je crois que le lobby a eu tort. Sa présence nous a dopés ! Je vous livre le commentaire à chaud d’un ami ardéchois, Frédéric Jacquemart, qui a quitté l’institut Pasteur, où il était chercheur, pour protester contre ses orientations. Il nous a écrit dans la foulée : “ Bravo les amis !
Superbe émission hachement efficace. Merci merci merci. Amitiés. Frédéric ”.
S’il savait comme cela fait du bien, il recommencerait chaque jour !



Vers 13h30, j’ai retrouvé l’ami François (Veillerette) devant France Inter, où nous devions passer en direct dans l’émission de Denis Cheissoux, CO2 Mon Amour. Et nous y sommes allés, gaillardement. Avons-nous réussi à bien vous parler de notre livre et des pesticides ? J’avoue que je n’en sais rien, et que j’attends avec impatience vos éventuels commentaires. Il n’empêche, et c’est à l’honneur de ce pays, et de Denis Cheissoux, que nous avons pu attaquer avec véhémence – j’aime bien le son de ce mot – l’empoisonnement collectif par les pesticides.
Au retour, j’ai acheté L’Huma en kiosque, pour la première fois depuis probablement une éternité, parce que François et moi y signions une tribune libre, annoncée en “ une ”. Son titre ? “ Jaurès n’aurait pas aimé les pesticides ”. Si ça vous fait sourire, tant mieux, car le titre est de moi.

Voilà pour les bonnes nouvelles. Non, j’ai oublié que tout indique que le livre bouge, marche, intéresse, intrigue, passionne. Tous les indicateurs le disent, une grosse semaine après la sortie. Mais rien n’est fait encore, et tout dépend absolument de vous. De votre accueil, de vos réactions, du bouche-à-oreille. Nous ne vous demandons pas, en aucune manière, de soutenir “ abstraitement ” notre livre. Mais en tout cas de l’entrouvrir, et de le regarder d’un peu près. On en reparlera un peu plus tard.
Côté noir, et même s’il est trop tôt pour vous livrer des détails, le lobby mord. Et c’est normal. Mais quelles méthodes de voyous ! Nous avons écrit un livre dur, critique, explosif parfois, mais avec la volonté assumée de rendre aux hommes de cette histoire leur épaisseur, leur humanité. Même à un type comme Fernand Willaume, le créateur du lobby. Nos adversaires – faut-il dire ennemis ? – d’aujourd’hui ont eux créé de toutes pièces un site Internet anonyme, à partir duquel ils attaquent, mélangeant comme de juste le vrai et le faux, nos itinéraires de personnes. Je ne veux toujours pas donner leur misérable adresse, car je ne suis pas leur agent publicitaire. Qu’ils sachent que ni François ni moi ne sommes du genre à plier si peu que ce soit. Nous continuerons, je vous le jure. Mais avec vous tous. Oui, avec vous tous. À demain.
Fabrice Nicolino

vendredi 9 mars 2007

Rester zen

Vendredi 9 mars

Je n’ai pas très envie de vous parler promo, figurez-vous. Sachez que pour le moment, tout va très bien, et que l’avenir immédiat s’annonce au mieux. Grâce à vous.
Non, je dois vous avertir qu’une offensive désagréable est en cours contre nous. Il est très visible que notre livre dérange de puissants intérêts. Et que ceux-ci commencent réellement à montrer les dents. Un site sur Internet, dont je ne souhaite pas faire la publicité, s’en prend à notre livre, ce qui est on ne peut plus normal. Mais aussi à nos personnes respectives, à François et à moi-même, et ce n’est plus du tout normal. D’autant que ces malotrus s’abritent derrière un considérable et mystérieux anonymat.

Combattre à visage découvert, comme nous l’avons fait tout au long de notre vie, oui. Se cacher derrière le masque du Net pour vomir sur des personnes réelles, non. Et même cent fois non. Je vous laisse juges : qui aime l’industrie des pesticides au point d’essayer de nous salir de la sorte, faute de pouvoir critiquer sur le fond notre travail ? Oui, qui ? Nous avons besoin de vous, plus qu’à aucun autre moment. Lisez, et faites lire. Demain, j’aurai un message plus léger à vous adresser. Sûr.
Fabrice Nicolino

jeudi 8 mars 2007

Un message d'un confrère et les rendez-vous du we

Jeudi 8 mars

Désolé, mais je n’ai aujourd’hui qu’une poignée de minutes. J’ai reçu tout à l’heure un message très réconfortant d’un journaliste, membre de la même association professionnelle que moi, les Journalistes pour la nature et l’écologie (JNE). Il me dit notamment :
Cher confrère,
Ma modeste contribution auprès de mon réseau internet (forums de discussion, entourage, amis...) pour que votre ouvrage connaisse le succès qu'il mérite. Bien cordialement
,”
Je ne vous laisse pas son nom, car je n’ai pas eu le temps de lui demander son autorisation. N’empêche, cela fait chaud au cœur. D’autant qu’il livre à la suite de son message tout un argumentaire sur notre livre. Un seul extrait, qui flatte notre (modeste, forcément modeste) vanité : “ Leur livre (“ Pesticides : révélations sur un scandale français ”), paru chez FAYARD il y a une dizaine de jours, est appelé à devenir LA référence et pour longtemps dans le domaine des produits phytosanitaires expliqués aux consommateurs que nous sommes. En près de 400 pages, les auteurs dressent le tableau édifiant d’un système corrompu jusqu’à l’os dont la nature et les consommateurs font les frais depuis 60 ans ”.
Et à part cela, nous nous préparons pour de nouveaux rendez-vous. Samedi à 14 heures, sur France Inter, avec Denis Cheissoux. Et dimanche, dans le journal de France Culture, à 12h30. Mon Dieu, encore courir dans ce Far West parisien, à l’autre bout de la ligne 9 du métro ! Provinciaux, vous ne savez ce que vous gagnez à ignorer Paris et ses tentacules.
Si vous me permettez, pour finir, c’est la journée des femmes. À demain.

mercredi 7 mars 2007

Du rififi au salon de l'agriculture !

Mercredi 7 mars

France Culture. Bonne nouvelle, pour nous les auteurs du livre, et pour vous lecteurs je crois. J’ai reçu ce matin un coup de fil de Ruth Stégassy, la productrice sur France Culture de Terre à Terre, une émission d’une heure qui passe le samedi. Je vous ai raconté l’enregistrement épique de vendredi dernier, au Phyto’Bar, à Paris. Avec le chef du lobby des pesticides, l’inévitable Jean-Charles Bocquet, qui s’était invité dans l’émission à notre grand déplaisir.
Bon, l’émission a eu lieu, mais le ton était si vif parfois qu’on ne savait plus trop, à la sortie, si elle passerait bien le samedi 10 mars. Oui, m’a dit Ruth Stégassy, ajoutant : « Nous avons écouté la bande ce matin, et ça colle. C’est même très bien ». Vous jugerez par vous-même, si vous écoutez. Mais rappelez-vous qu’on était bien énervés, François Veillerette et moi-même.
Et sinon ? Encore de ces échanges avec des journalistes, dont je ne peux pas vous parler. Des articles sont prévus, dans des journaux importants, mais je ne peux pas gêner à ce stade le travail parfois délicat des rédacteurs. Donc, attendons.



TV-salon Agri. En revanche, je peux vous raconter le salon de l’Agriculture. Hi-la-rant ! Nous avions un premier rendez-vous à 16h30 sur le stand de l’APCA, autrement dit l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture, autrement dit les chantres de l’agriculture industrielle. Pour une émission de télé interne au salon, mais diffusée en direct par Canal Sat. Et présentée par le journaliste de M6 Bernard de la Villardière, que certains d’entre vous connaissent sûrement.
J’arrive vers 16h35 et commence à parler avec la jeune assistante chargée de la préparation du direct. Elle se marre et me raconte que « les autres » sont très impressionnés par notre présence, à François et à moi. Ils ont changé leurs intervenants jusqu’à la dernière minute, redoutant nos attaques. Je les aperçois du coin de l’œil : on dirait le Politburo de Brejnev à la fin des années 70. Ça promet.
Je cours me faire maquiller – obligé -, et en revenant sur le plateau, qui est au milieu du public du Salon, je découvre une brochette d’hommes cravatés, déjà assis, qui me regardent d’un même oeil. Ils ne le savent pas, mais comme je rigole intérieurement ! Entre-temps, François est arrivé, et là , premier incident, on lui fait comprendre qu’un seul de nous deux serait suffisant sur le plateau et on lui suggère de ne pas participer à l’émission ! François refuse avec force, rappelle que nous avons été invités tous les deux il y a des jours de cela et me rejoint d’un pas décidé. Maintenant tout commence. Figurez-vous que nous avons en face de nous un représentant de la transnationale Bayer, le Président du Farre – les amis de l’agriculture raisonnée – qui s’est invité sur le plateau à la dernière minute sans y être convié - un troisième des semenciers du Gnis et enfin un conseiller régional UMP par ailleurs agriculteur industriel et Président de Chambre d’Agriculture et également… Vice Président de FARRE. De la Villardière est visiblement excédé par la façon plus que cavalière avec laquelle le Président de FARRE a imposé sa présence sur le plateau, augmentant le nombre de participants au delà du raisonnable. Finalement, un invité remplaçant Guy Riba –de l’INRA- doit laisser sa place au Président de FARRE pour que l’émission puisse enfin commencer. Un vrai coup de force qui illustre bien le sentiment de toute puissance du responsable de l’agriculture raisonnée et, au delà de lui, du lobby.
Bon, je ne vais pas détailler. Il me semble que nous avons fait bonne figure. En tout cas, nous avons pu planter quelques jolies banderilles sur le dos des partisans de l’agriculture industrielle. Il m’est arrivé de pouffer, je le confesse ici. Mais comment font-ils pour tenir une telle langue de bois ? Et quelle absence d’arguments ! En résumé : oui, il y a des problèmes, mais nous faisons tous de magnifiques efforts. Tu parles !

RTL salon agri. Dans la foulée, j’ai filé au stand de RTL, où j’ai participé en direct au journal de 18h30, face à Bocquet l’éternel. Oh, il n’a pas été à la noce, croyez-moi. J’ai rappelé une nouvelle fois que l’industrie des pesticides a employé pour sa glorieuse com les services de Marcel Valtat, l’homme de la désinformation dans le terrible dossier de l’amiante. Et croyez-moi, jean-Charles n’aime pas ça du tout. Du tout. Rapprocher le dossier de l’amiante de celui des pesticides, c’est un coup terrible pour ces messieurs, je ne me lasse de le répéter. À la sortie, avec François et les amis, nous sommes allés boire un verre de blanc à un stand. Bio, je vous le garantis. Et nous avons croisé l’ami Philippe Desbrosses, enthousiaste de notre livre. Il est trop tôt pour en dire plus, mais nous avons une idée, avec lui. À voir si elle germera ce printemps.
À demain.

Fabrice Nicolino François Veillerette

mardi 6 mars 2007

Du bouche à oreilles

Mardi 6 mars

Ce qu’on appelle, je pense, un jour de transition. Henri Trubert, de Fayard, m’appelle pour me donner des nouvelles de notre livre. Ouf ! elles sont bonnes. Je ne suis pas autorisé à en dire plus, mais les demandes de “ réassort ” des libraires, c’est-à-dire des commandes, sont au rendez-vous. Avec un peu de chance, avec un peu de bouche-à-oreille, avec un peu de presse encore… Si tout ce qui est prévu et promis est publié, mes aïeux, le lobby des pesticides va vraiment tomber malade. Ce serait triste, non ?

Les invitations en province pleuvent d’ores et déjà, et Trubert propose en blaguant que nous louions un camping-car pour assurer nos déplacements. Nous allons être partout sous peu. En Bretagne, à Orléans, dans le Sud, dans les Alpes. Misère de moi, qui suis finalement si bien à la maison !
Je viens en outre de parler au téléphone avec Jean-Claude Pierre, l’historique responsable d’Eau et Rivières de Bretagne, qui préside désormais le réseau Cohérence, fort de 110 associations. Il est très élogieux à propos du livre, et va envoyer un commentaire qui sera bientôt en ligne sur notre site. J’ai hâte.
Demain, nous avons rendez-vous le matin, François et moi, avec Dominique Guillet, de l’association Kokopelli. On concocte de nouvelles initiatives, comme vous les aimez. Vous connaissez Dominique ? Non. C’est un héros moderne. Et tranquille. Un sauveteur planétaire de semences. Que ceux qui n’ont jamais eu sous la main un catalogue de Kokopelli se fassent connaître, qu’on puisse les plaindre en chœur ! Car ce catalogue, où figurent des centaines de variétés de tomates, de piments, de haricots, est une splendeur. Il donne immédiatement envie de changer de vie. De planter. Ah, combien y a-t-il de Guillet en France ?
Demain aussi, nous sommes au salon de l’Agriculture, espérant éviter tout incident, mais résolus à porter haut et fort notre parole critique sur l’industrie des pesticides. Où que vous soyez, de 17 heures à 18h45, pensez à nous. On ne mollira pas !

Ah, j’allais oublier : le bouche-à-oreille peut être décisif pour nous. Voici un petit message qu’une amie m’a envoyé par courriel tout à l’heure. Que croyez-vous ? Ça fait plaisir.
{ Envoyé : mardi 6 mars 2007 11:56
À : Action nature
Objet : [action-nature] phosphine

Salut à tous.

Avez vous lu le bouquin de Nicollino sur les pesticides? C'est une révolution! On dirait un numéro d'Action Nature! il devrait etre envoyé à toutes les chambres d'agriculture, tous les GDS, les FDGON, les fabriquants de merde, que dis-je, de mort! On a pas un peu de sous à Action nature pour faire ca? (proposition sérieuse). Sinon je crois que je l'enverrai moi meme
à notre crétin de président de chambre.

A ce sujet, connaissez vous la phosphine? ce gaz, de mort également, qui sert à éliminer les taupes, les rats taupiers, et tous ce qui vit dans le sol. Les assos se sont elles deja intéresées à ce dossier, ou bien rien du tout? FNE? la SFEPM?

Je sent la furie monter en moi, avez vous vu les tournures prises par le prochain cahier des charges bio??? Si j'arrive à joindre la FNAB, je sent que je vais comettre un article... Et les OGM??? aaarggglll

L'inactivité ne me réussit pas, je manque de défoulement!

bises

Romary]
Cette personne, que je ne connais évidemment pas, ajoute un deuxième L à mon nom italien, Nicolino, qui ne le mérite pas. Mais bon ? À demain !

lundi 5 mars 2007

Une TV et RTL au salon de l'agriculture

Il ne faut pas m’en vouloir, mais je ne peux pas tout vous dire. Pour certaines informations, il vaut mieux attendre un peu. Par exemple, j’ai su ce matin par Marion Corcin, de Fayard, qu’une journaliste envisageait sérieusement un gros dossier dans un journal important, avec notre livre au milieu. Mais vu le journal en question, si je le dis maintenant, ça risque d’avoir un effet disons contrasté sur celui qui doit finalement décider. Donc, j’attends.
De même, une journaliste d’un quotidien m’a appelé directement pour m’annoncer une prochaine bonne nouvelle. Je croise les doigts.
Ce que je peux vous dire, c’est que nous serons au salon de l’Agriculture mercredi après-midi. Peut-être sur la chaîne Public Sénat, bien que la journaliste qui me l’a proposé n’ait pas rappelé, malgré sa promesse. Elle envisageait, sans rire, mon intervention en face de Dominique Bussereau, notre ministre de l’Agriculture ! En tout cas, et pendant une heure, nous serons présents dans une émission présentée par Bernard De la Villardière, ce journaliste de M6 que vous connaissez sans doute.
L’émission promet, car la journaliste qui a préparé l’affaire m’a dit tout à l’heure au téléphone que François et moi-même étions comme qui dirait attendus. La transnationale Bayer a même changé de représentant au dernier moment, considérant que celui qui était prévu ne ferait pas nécessairement le poids. Je vous jure que je n’invente rien.
Il y aura également quelqu’un de l’Inra, un ponte des chambres d’agriculture et même le directeur du GNIS. Pour ceux qui connaissent, le GNIS, c’est les semenciers. J’espère que Dominique Guillet, de l’association Kokopelli, me lit, car il voit ce que cela veut dire. Et sinon, n’hésitez pas à lui annoncer le rendez-vous, si vous le connaissez. Bref, cela a toutes les chances d’être animé. François comme moi trouvons que le déséquilibre est patent : quatre poids lourds de l’agriculture intensive contre nous, cela fait beaucoup. Mais on pensera à vous.Et à 18h30 si je ne me trompe, j’ai droit à un direct de 8 à 9 minutes sur RTL. Je vous en reparlerai sans faute. À demain, amis lecteurs.

La presse en parle

Dimanche 4 mars

Et côté journaux ? Encore une vraie chance : nous disposons d’une vraie attachée de presse, Marion Corcin. Elle n’est pas seulement efficace, mais aussi amicale, chaleureuse. Ça aide. Et pour le moment, l’accueil est excellent. Libération, La Vie, L’Express, Politis, ont soutenu le livre dès le premier jour de sa sortie jeudi 1er mars. Et nous avons eu droit à des passages plus ou moins longs sur France Inter, Radio-Bleue, France 3, en attendant bien d’autres choses dès le début de la semaine qui commence le 5 mars.
Il me reste à vous raconter quelques à-côtés de la semaine écoulée, qui vous distrairont, je l’espère. D’abord l’émission Service Public, sur France Inter, le 27 février à 9h30. Pourquoi le 27, alors que le livre n’était pas encore sorti ? Je vous le demande. L’émission était prévue le 1er mars, date de la sortie, puis elle a été avancée. Vers 9h00, je retrouve François devant Inter, rue du Général Mangin, près de la Seine.
À peine si nous avons le temps de rigoler ensemble et moquer le monde des méchants. Voilà Jean-Charles Bocquet qui arrive ! Si vous n’avez pas encore lu le livre, c’est le moment d’y jeter un œil. Bocquet est le directeur du lobby des pesticides en France, c’est-à-dire l’UIPP (Union des industries pour la protection des plantes). Ne parlez pas à ce monsieur de pesticides, il a le mot en horreur. Pardi ! il renvoie par son suffixe venu du latin au verbe TUER ! Lui, il préfère la “ protection des plantes ”. Ou mieux encore la “ phytopharmacie ”. Vous verrez qu’un jour, ces gens s’appelleront médecins des plantes et de la nature. Je ne plaisante pas, je prends date.
Bon. Bocquet est sympathique, ce qui le rend crédible. D’autant qu’il présente bien, mieux que nous, d’ailleurs il a une cravate. L’émission de Service Public s’est mal passée, pour nous. Nous pensions disposer d’une heure pour expliquer notre projet et notre livre. Au lieu de quoi, Bocquet, traité comme tel par les journalistes d’Inter, s’est présenté comme notre contradicteur, réclamant autant de temps et de droit à la parole que nous !
Je crois avoir toujours été pour la démocratie, mais cela n’a rien à voir. L’événement tout relatif, c’était notre livre, pas le plan com de l’UIPP. Et nous nous sommes piégés nous-mêmes, incapables d’expliquer en direct ce qui se passait, et qui s’appelle un détournement. Bocquet est sympathique, mais il est surtout rusé. Je ne l’oublierai pas, soyez-en certains.
Je suis tout de même parvenu à lui lancer un swing tout ce qu’il y a de symbolique qu’il n’a pas su éviter. Je lui ai demandé en direct si l’UIPP avait bien employé les services de Marcel Valtat pour organiser des campagnes de propagande en faveur des pesticides. Valtat, je vous le précise, est l’homme qui a guidé l’industrie de l’amiante en France, lui permettant de nous tromper et de vendre son maudit poison, légalement, jusqu’en 1997. Et là, Bocquet a répondu qu’il avait découvert l’info en lisant notre livre et qu’il allait vérifier. Et qu’il nous tiendrait au courant. Cela ne s’est pas entendu, mais François et moi, nous avons pouffé.
J’ai retrouvé Bocquet sur Radio-Bleue le 1er mars pour un débat en direct à l’heure du repas de midi. J’étais sérieusement furax et je bouillais intérieurement. Et cela s’est senti, je vous le jure. Le débat a été davantage qu’animé,, car je n’ai rien laissé passer à Bocquet. J’ai commencé à ce moment-là à comprendre la stratégie de l’industrie des pesticides en face de nous. Ils présentent à la presse une face avenante – Bocquet -, insistent sur le respect dû aux personnes, que je revendique bien entendu, et dévident interminablement leur langue de bois pétrifiée. Ils s’en moquent, ils ont l’éternité pour eux. Et le pouvoir.
Depuis, l’UIPP a acheté des espaces commerciaux sur le net qui parasitent les principales informations parues sur le livre. Par exemple l’article de Libération. Nous, nous n’avons pas d’argent, nous n’avons que vous.
Encore trois mots sur ce 1er mars. Le soir, vers 19 heures, nous avons enregistré une heure d’émission prévue le 10 mars, sur France Culture, avec Ruth Stégassy. En public, depuis un bar bio parisien très sympa, le Phyto’bar. Il y avait 80 personnes, très intéressées, vraiment. Et l’inévitable Bocquet avait demandé au dernier moment – et obtenu – de nous porter la contradiction. Cet homme a du courage, je dois dire, car il savait que la salle lui serait hostile. Mais le pire est venu de nous, François et moi. Nous l’avons secoué comme un prunier du début à la fin, et franchement, il n’a pas eu la part belle. Il n’avait qu’à ne pas venir. Et pi z’est tout, comme dit le magnifique Charlemagne dans l’inoubliable roman de Michel Folco, Un loup est un loup. Mais c’est une autre histoire. À bientôt, j’essaierai désormais de vous envoyer un petit mot chaque jour. Amitiés à ceux qui acceptent de les recevoir. Et bien le bonjour à tous les autres !

Comment l'histoire commence?

Je commence ce blog le samedi 3 mars 2007, à 10 heures du matin, devant un café. Pour vous raconter les aventures de ce livre et son lancement, c'estdéjà un peu tard, mais je vais essayer de vous résumer ce qui s'est passé,et ce qui arrive.Et pour commencer, quelques mots sur les personnages de l'histoire. D'abord François Veillerette. C'est un valeureux, un coriace, un écologiste. Il est le président d'une association au non infernal, le MDRGF (Mouvement pour lesdroits et le respect des générations futures). Vous avez déjà essayé de prononcer MDRGF ? Je vous suggère de vous entraîner devant la glace. J'avais eu l'occasion de le croiser trois ou quatre fois dans le passé, et même de l'interviewer. Car je suis le deuxième personnage de l'histoire, moi Fabrice Nicolino. Et je suis journaliste, il faut bien vous l'avouer. À l'époque où j'ai rencontré François pour la première fois, je collaborais ­entre autres ­ à l'hebdomadaire Politis. Je l'avais trouvé solide, sérieux,fiable. Autant vous le dire, ce n'est pas toujours le cas chez les militants écologistes.Bref. À l'automne 2005, François m'appelle pour me proposer de faire un livre avec lui, et l'accord ayant été conclu, nous nous sommes tournés vers un éditeur. J'ai immédiatement pensé à Thierry Jaccaud, qui non content d'être le rédacteur en chef de l'excellente revue L'Écologiste, propose de temps à autre des projets de livres à Fayard. Je me souviens fort bien de la première rencontre avec Henri Trubert, devenu notre éditeur, dans son bureau de la rue du Montparnasse, à Paris. Henri est un type très vif, rapide, direct, mais je ne suis pas sûr qu'il ait compris sur l'instant le sens de notre projet. La question des pesticides lui apparaissait comme une vilaine histoire, mais lointaine, ô combien ! La chose merveilleuse, c'est qu'il a dit oui aussitôt, et que depuis, son soutien ne s'est jamais démenti. Je me permettrai donc de vous dire que Fayard est une grande maison, et qu'en tout cas il est bien agréable de travailler avec Henri Trubert. Car dès les premières minutes avec lui, il savait que nous préparions un livre choc, un livre dur, un livre, mais oui, de révélations sur un système insupportable. Combien auraient marché ? Ensuite, il a fallu travailler. Je vous passe les détails, qui n'en sont pas. François travaille par ailleurs, et dur. Moi aussi, malgré les apparences. Faire un livre en France est réservé, vous le savez, à une microélite sociale et surtout culturelle, dont nous faisons d'ailleurs partie.Les autres n'écrivent pas, c'est aussi simple que cela.Thierry Jaccaud a été un précieux soutien, un critique éclairé et lucide,heureusement. Puis, vers l'extrême fin de 2006, nous avons rendu notre copie. Par chance, le manuscrit a plu, réellement. À Thierry, qui savait à quoi s'en tenir depuis un moment, à Henri ensuite, à son assistante Élise Roy. À tout le monde, je vous jure que c'est vrai. Il ne restait qu'à lancer notre bouquin. Le 1er mars, en pleine campagne des présidentielles. Alors que tous les médias se demandent en boucle si machinou machine l'ont bien descendu. Vous connaissez la chanson comme moi, je n'insiste pas. Par chance ­ pour nous ­ ni François ni moi-même ne sommestout à fait nés de la dernière pluie. Et nous avons décidé en toute conscience d'organiser un buzz. Cela vaut bien une explication, je pense. Au début de l'année 2007, nous nous sommes rencontrés rue de Malte, à Paris,au siège du MDRGF, à trois. Outre François et moi, il y avait Michel , un ami. Je ne sais pas s'il souhaite qu'on vous livre son nom, mais c'est un gars épatant, un connaisseur du Net et de ses réseaux, un pratiquant de la vidéo et des sites numériques, en résumé une perle. D'autant qu'il est écologiste.Et nous avons imaginé un machin, un truc destiné à perforer au moins un peu le mur médiatique en place, davantage blindé, croyez-moi, que les murs de la Banque de France. Il fallait forcer l'entrée. Avons-nous réussi ? Pas encore, c'est évident, mais nous continuons de nous entraîner, comme vous voyez. Car le buzz, c'est du bruit organisé. Qui mise sur la puissance surprenante des réseaux numérisés. Lesquels, mais c'est une autre histoire,me semblent par ailleurs une calamité. N'empêche : à partir de début février, nous avons fait circuler un texte annonçant la sortie de notre livre, qui a rebondi de boucle en boucle sur le Net, irritant au passage ceux qui recevaient l'information quatre ou cinq fois de suite.