lundi 19 mars 2007

Rennes sous la grêle

Je dois reconnaître que je n’avais pas prévu. Au départ, cela se présentait plutôt bien. France 3 Rennes – 9 départements et deux régions s’il vous plaît – m’avait invité pour un direct d’une quinzaine de minutes autour de 11 heures ce matin. Comment refuser ?
Il suffisait de se lever à l’aube, de filer à la gare Montparnasse et de prendre le TGV de 8h05. En plus, le TGV ne contribue que peu au réchauffement climatique, pour la raison qu’il carbure à l’électricité nucléaire. C’est donc tout bon (je précise que je plaisante lourdement).
À 10h20, je débarque à Rennes, et (re)découvre l’hiver. L’avenue Janvier, où se trouve France 3, était pilonnée par une grêle d’anthologie. Non seulement j’ai été copieusement bombardé, mais en plus en me demandant si les grêlons contenaient ou non des molécules pesticides. Car il ne faut pas croire, j’ai lu notre livre de près. S’il y a des pesticides dans la rosée, pourquoi pas dans la grêle ?
Passons. À 10h35, j’étais à la télé. Comment le dire élégamment ? C’est à ce moment-là que j’ai compris que j’étais invité dans une sorte de Télé Matin de province, au milieu de décors étranges et d’invités présentant de remarquables ouvrages en crochet. Il y avait aussi une sorte de mare dans un coffre plastique, et des sortes de nénuphars. En plastique, eux aussi. L’animateur-journaliste était tout ce qu’il y a de sympathique, mais quand il m’a dit froidement qu’à cette heure-là, il y avait environ 20 000 téléspectateurs âgés, qui se servaient de la télé comme d’une sorte de bruit de fond, je me suis dit : pourquoi ? Oui, pourquoi avoir dit oui ? Il était trop tard.
Au moment du direct, une charmante hôtesse, le visage recouvert d’une couche très épaisse d’un produit de synthèse, m’a jeté sans prévenir un scud dont je vous laisse juges. Le journaliste venait de lire le titre de notre glorieux ouvrage et me posait la question qui tue : “ pourquoi scandale ” ? Je m’apprêtais à développer avec brio une explication magnifique, mais l’hôtesse, que je croyais muette, a déclaré avant moi, texto : “ Mais parce que ça fait vendre, voyons ! ”. Comme ça, en direct, devant quelques milliers de mamies en train de passer l’aspirateur.
La suite ne vaut guère la peine. À 11h30, j’étais dehors, sous un nouvel accès rageur de grêle, et à 12h05, j’étais dans le train nucléaire, direction Paris. Une belle journée. Si, sans rire, une belle journée quand même. Car à mon retour chez moi, un petit mot de Corinne Lepage m’attendait sagement. Vous le verrez ailleurs sur le site, mais je ne résiste pas à l’envie de reproduire ce bout de phrase : notre livre “ est un ouvrage de référence. Outre le fait qu’il se lit comme un roman policier - à ceci près que malheureusement nous sommes dans la réalité et pas dans la fiction -, il décrit avec une très grande précision le fonctionnement des lobbys qui sont à l’origine des décisions et répond par des faits à cette question qui pour moi reste cruciale : comment expliquer que les erreurs de jugement se répètent indéfiniment ? ”. Je ne sais pas vous, mais moi, ça me remonte. Après Rennes, j’en avais besoin. À demain.
Fabrice Nicolino

1 commentaire:

Unknown a dit…

Courage !!!!
Je viens d'acheter votre livre....
Toutes mes félicitations pour votre courage, vos recherches et votre travail d'information. Tout cela doit être connu et un grand débat doit absolument être ouvert.....
Je parle et vais parler de votre livre autour de moi.

Jean-Philippe